Arthrose du poignet, tout ce que vous devez savoir !


Arthrose du poignet : comprendre tôt cette affection peut t’éviter des années d’inconfort lorsque tu travailles, étudies ou pratiques un sport.

Qu’est-ce que l’arthrose du poignet ?

Définition de l’arthrose

L’arthrose est une maladie articulaire dite « dégénérative » : le cartilage qui recouvre les surfaces osseuses s’use peu à peu, perd souplesse et épaisseur, puis se fissure. Sans ce revêtement glissant, les os frottent directement, engendrant douleur, inflammation et formation d’ostéophytes — de petites excroissances rigides. Alors que la tendinite concerne essentiellement les tissus mous, l’arthrose touche toute l’articulation : cartilage, membrane synoviale, ligaments et os sous-chondral. Le corps produit du liquide synovial plus épais pour lubrifier la zone, mais celui-ci n’arrive plus à compenser la perte initiale de cartilage. Résultat : les mouvements deviennent moins fluides et une cascade biologique se met en route, amplifiant la dégradation. L’arthrose se distingue donc d’un simple « vieillissement normal » ; elle représente une pathologie à part entière qu’il convient d’identifier tôt pour freiner son évolution.

Particularités de l’arthrose au niveau du poignet

Le poignet est un puzzle de huit os courts disposés sur deux rangées, reliés par des ligaments très fins et stabilisés par le complexe fibro-cartilagineux triangulaire. Cette architecture assure flexion, extension, inclinaisons et rotations indispensables pour écrire ou manipuler un smartphone. Toutefois, son ingéniosité fait aussi sa fragilité. Le cartilage carpal est extrêmement mince ; dès qu’il se fissure, la charge se concentre sur une surface réduite et accélère l’usure. De plus, chaque micro-déplacement entre scaphoïde, lunatum et radius peut se répercuter sur le reste du carpe, créant un cercle vicieux. En cas d’arthrose, la douleur est souvent localisée côté radial, mais elle se diffuse vite au carpe central. Cette propagation explique pourquoi un simple clic de souris peut devenir insupportable alors que l’imagerie initiale paraît bénigne. L’arthrose du poignet est donc rarement « isolée », et sa prise en charge doit considérer l’ensemble du carpe.

Les causes de l’arthrose du poignet : identifier les déclencheurs

Facteurs dégénératifs liés à l’âge

À partir de 40 ans, le cartilage perd progressivement en eau et en collagène, deux composants qui lui donnent élasticité et pouvoir amortissant. Cette déshydratation s’accompagne d’une vascularisation moindre de l’os sous-chondral, ralentissant les mécanismes de réparation. Résultat : un geste anodin, comme attacher un bracelet, suffit parfois à créer des micro-lésions. Les radicaux libres s’accumulent, oxydent les chondrocytes et diminuent leur production de protéoglycanes, éléments charnières du cartilage. Simultanément, la densité osseuse se modifie ; l’os devient plus rigide et transmet les impacts sans filtration. Ces bouleversements expliquent pourquoi l’arthrose peut s’installer même en l’absence de traumatisme majeur et pourquoi il est crucial d’agir avant que la douleur ne s’installe de façon chronique.

Traumatismes antérieurs (fractures, luxations)

Une fracture du scaphoïde mal consolidée ou une luxation carpienne négligée crée souvent un léger désalignement. À chaque mouvement, ce décalage modifie la répartition des forces : certaines zones encaissent alors un stress quatre fois supérieur à la normale. Sur le moment, la douleur diminue après la guérison osseuse, mais le cartilage continue de subir des micro-impacts invisibles. Quelques années plus tard, le patient ressent une gêne lors des rotations de l’avant-bras ou lorsqu’il appuie la main pour se relever. Ce scénario, fréquent chez les amateurs de skate ou de snowboard, montre que le traumatisme initial agit comme un levier silencieux, enclenchant plus tard une arthrose dite « secondaire ». D’où l’importance de rééduquer correctement la mobilité et de surveiller l’articulation même après une fracture jugée « simple ».

Arthrose post-traumatique

Lorsque la surface cartilagineuse est directement écrasée ou coupée lors d’un choc violent, la lésion se propage en profondeur. Contrairement à une fracture purement osseuse, le cartilage ne cicatrise presque pas ; l’impact laisse un cratère qui s’agrandit à chaque sollicitation. Les sportifs pratiquant BMX, handball ou rugby sont particulièrement exposés. L’arthrose post-traumatique survient souvent avant 30 ans ; elle évolue plus vite que la forme liée à l’âge, car la surcharge mécanique persiste durant l’activité. Les signes précoces sont trompeurs : petite diminution de force, sensation de « sable » dans l’articulation, puis douleur aiguë après un entraînement intense. Un suivi régulier permet d’envisager des infiltrations ou une arthroscopie de nettoyage avant que la destruction cartilagineuse ne devienne irréversible.

Arthropathies inflammatoires (ex : polyarthrite rhumatoïde)

La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune où le système immunitaire attaque la membrane synoviale, la faisant épaissir et sécréter des enzymes qui dissolvent cartilage et os. Au poignet, cette synovite agressive détruit d’abord la jonction radio-carpienne, puis gagne la rangée médio-carpienne. Le processus est bilatéral dans 80 % des cas ; l’atteinte simultanée des deux poignets doit donc mettre la puce à l’oreille. Les poussées inflammatoires s’accompagnent de chaleur, gonflement et raideur matinale prolongée. Sans contrôle immunologique, l’érosion osseuse provoque des déviations et des subluxations, compliquant la prise d’objets. Un traitement de fond (méthotrexate, biothérapies) est indispensable pour calmer la réponse immunitaire et ralentir la destruction. Dans ce contexte, l’arthrose constitue une complication mécanique supplémentaire qu’il faut traiter parallèlement.

Facteurs professionnels et gestes répétitifs

Travail à la chaîne, data-entry, coiffure, mécanique de précision : autant de métiers où le poignet répète plusieurs milliers de flexions-extensions par jour. Chaque cycle impose un frottement régulier du cartilage contre le radius ou le scaphoïde. Sur le court terme, la membrane synoviale compense en produisant davantage de liquide lubrifiant, mais sur le long terme elle s’épaissit et perd son efficacité. L’absence de pauses, le maintien prolongé en extension lors de l’usage clavier-souris et les vibrations d’outils électroportatifs aggravent la micro-dégénérescence. Pour un jeune travailleur, la douleur survient d’abord le soir, puis dès le réveil. La clé réside dans l’ergonomie : repose-poignets, clavier incliné et fractionnement des tâches réduisent de 40 % la force compressive sur les cartilages, retardant ainsi l’apparition de l’arthrose.

Les symptômes de l’arthrose du poignet : reconnaître les signaux d’alarme

Douleurs au poignet

La douleur de l’arthrose du poignet est souvent décrite comme une brûlure sourde qui s’intensifie lors des mouvements de pincement, par exemple ouvrir une bouteille. Au repos, l’intensité diminue sans disparaître totalement, laissant une sensation d’engourdissement profond. Les périodes humides ou froides accentuent les symptômes ; la météo devient presque un baromètre. Chez les étudiants, la prise de notes prolongée ou le scroll incessant sur téléphone déclenche la douleur en moins de dix minutes. Des pics aigus, très brefs, peuvent survenir lorsqu’un petit ostéophyte accroche un tendon. Cette signature douloureuse — fond continu plus élancements — aide à différencier l’arthrose d’une entorse ou d’un canal carpien débutant. Un traitement précoce évite la montée en puissance de la douleur et limite le recours aux anti-inflammatoires forts.

Raideur et perte de mobilité

La raideur matinale est l’un des premiers signaux : impossible de plier complètement le poignet avant de « l’échauffer ». Cette rigidité s’explique par l’épaississement du liquide synovial et la présence d’ostéophytes qui bloquent la mécanique fine. Dans la journée, la mobilité s’améliore après quelques minutes d’activité, puis se dégrade si l’effort se prolonge. Des tests simples, comme poser la paume à plat sur la table et tenter une légère extension, montrent souvent une réduction d’amplitude de 30 % par rapport au côté sain. Cette limitation complique la pratique d’instruments de musique ou de sports de raquette où la flexion-extension rapide est essentielle. La perte de mobilité se renforce au fil des ans ; maintenir une routine d’étirements retarde le phénomène et conserve la capacité fonctionnelle indispensable aux gestes du quotidien.

Craquements et sensations de blocage

Le crépitement — ce petit « crac-crac » audible — provient du frottement os contre os ou de la libération de bulles gazeuses dans le liquide synovial épaissi. Bien que souvent indolore, ce bruit signe une surface cartilagineuse irrégulière. Parfois, un ostéophyte se coince entre deux os, stoppant brutalement le mouvement ; on parle alors de pseudo-blocage. Ce phénomène apparaît surtout lors d’une rotation rapide, comme tourner une clé. Ces signaux mécaniques n’existent pas dans une tendinite simple ; ils sont donc de bons indicateurs pour le diagnostic. Même si le craquement peut sembler « normal », il témoigne d’un stade évolué où le cartilage est déjà bien entamé. Lorsqu’il s’accompagne de douleur aiguë, une consultation s’impose afin d’envisager un bilan d’imagerie et éviter l’aggravation.

Gonflement et déformation

Un poignet arthrosique devient parfois visiblement gonflé, surtout autour de la styloïde radiale. Ce gonflement mélange épanchement synovial et œdème inflammatoire. Au fil du temps, la répétition du processus inflammatoire provoque l’apparition de bosse osseuse, donnant un aspect irrégulier au dos de la main. Cette déformation peut entraîner la déviation de certains tendons, réduisant la force de préhension. Sur le plan esthétique, l’impact n’est pas négligeable chez les jeunes adultes, mais il révèle surtout une atteinte structurale profonde. Masser la zone ou porter un bracelet compressif soulage modérément, mais seul un traitement ciblé sur l’arthrose limite la déformation. Ignorer ce signe revient à laisser s’installer un handicap progressif qui compliquera les gestes fins comme lacer ses chaussures.

Diagnostic de l’arthrose du poignet : confirmer le verdict

Examen clinique

Le médecin commence par inspecter la symétrie, la présence d’un œdème et la position naturelle de la main au repos. Il palpe chaque interligne carpal à la recherche d’une douleur localisée, teste la force de serrage avec un dynamomètre et mesure l’amplitude de flexion-extension à l’aide d’un goniomètre. Des manœuvres spécifiques, comme le test de Watson pour le scaphoïde, détectent une instabilité sous-jacente. Le praticien observe aussi la gestuelle quotidienne : tenir un stylo, s’appuyer sur la paume, tourner une poignée. Cette évaluation fonctionnelle met souvent en évidence des compensations du coude ou de l’épaule. L’ensemble de ces observations, combinées à l’historique de la douleur, oriente vers un diagnostic d’arthrose à confirmer par imagerie.

Imagerie médicale (radiographie, IRM, scanner)

La radiographie standard en incidence postéro-antérieure et de profil suffit souvent pour visualiser un pincement de l’interligne, la présence d’ostéophytes et une déformation osseuse. L’IRM, plus coûteuse, détaille l’état du cartilage, débusque les microlésions osseuses et met en évidence un œdème médullaire précoce. Le scanner, quant à lui, reconstitue en trois dimensions l’alignement carpal, précieux avant une décision chirurgicale. Chez un sportif, l’échographie dynamique complète l’examen pour vérifier l’intégrité des ligaments extrinsèques. Choisir la bonne modalité d’imagerie permet d’éviter un sur-diagnostic et de cibler précisément le traitement, qu’il soit conservateur ou invasif.

Diagnostic différentiel

Plusieurs pathologies imitent les symptômes de l’arthrose du poignet. La tendinite de De Quervain provoque une douleur aiguë côté pouce mais sans craquement osseux. Le syndrome du canal carpien entraîne des fourmillements nocturnes et une faiblesse du pouce, rarement un blocage mécanique. La nécrose du lunatum (maladie de Kienböck) se présente par des douleurs profondes et une raideur, mais l’imagerie révèle une densité osseuse anormale plutôt qu’un pincement global. Enfin, le lupus ou la goutte peuvent occasionner des inflammations articulaires aiguës, mais leur biologie sanguine orientera rapidement le diagnostic. Reconnaître ces alternatives évite un traitement inadapté et permet une prise en charge spécifique.

Les traitements de l’arthrose du poignet : soulager et préserver la fonction

Traitements médicaux et conservateurs

Le premier échelon associe paracétamol, AINS de courte durée et application de froid pour couper la douleur. Lorsque l’inflammation persiste, une infiltration de corticoïdes sous contrôle échographique apaise la synovite pour plusieurs mois. Le port d’une attelle de repos, surtout la nuit ou lors des longues sessions d’ordinateur, stabilise l’articulation et diminue les contraintes. En parallèle, la kinésithérapie mise sur le renforcement des muscles pronateurs-supinateurs et sur des étirements doux afin de rééquilibrer la biomécanique. Des techniques de proprioception, comme manipuler une balle de stress, améliorent le contrôle neuromusculaire. Un suivi nutritionnel, riche en oméga-3 et antioxydants, soutient la santé cartilagineuse. L’objectif : réduire douleur et raideur sans recourir trop tôt à la chirurgie.

  • Médicaments antalgiques et anti-inflammatoires
  • Infiltrations de corticoïdes
  • Port d’une attelle ou orthèse
  • Rééducation et kinésithérapie

Traitements chirurgicaux

La chirurgie intervient lorsque la douleur devient insupportable ou que la perte de mobilité handicape la vie quotidienne malgré un traitement bien conduit. L’arthroscopie, technique mini-invasive, permet de « raboter » les ostéophytes et de nettoyer les débris cartilagineux, offrant un soulagement rapide. Si l’arthrose est limitée à un compartiment, une fusion partielle (arthrodèse à quatre os) stabilise le carpe tout en conservant environ 60 % de la mobilité. Dans les atteintes étendues, la fusion totale élimine la douleur mais fige l’articulation ; elle convient aux activités ne nécessitant pas de grande amplitude. Enfin, la prothèse totale de poignet, réservée aux patients moins actifs, restitue une mobilité fonctionnelle tout en préservant la force de serrage. Le choix dépend du degré d’usure, de l’âge et des attentes fonctionnelles.

  • Arthroscopie
  • Fusion partielle ou totale du poignet (arthrodèse)
  • Prothèse du poignet

Prévention de l’arthrose du poignet : conseils au quotidien

Adapter les gestes et postures

Maintiens tes avant-bras alignés avec la main lorsque tu tapes ou dessines ; un angle neutre réduit de moitié la pression sur le cartilage radio-carpien. Sur le bureau, règle ta chaise pour que les coudes forment un angle d’environ 90 °, et utilise un repose-poignets en gel. Lorsque tu soulèves une charge, plie légèrement les genoux et agrippe l’objet avec toute la main plutôt qu’avec les doigts seuls ; cela répartit l’effort sur l’ensemble de la chaîne musculo-tendineuse. Au sport, porte des protections rigides lors des figures acrobatiques ; elles dissipent l’impact lors d’une chute. Ces ajustements simples allongent la longévité de tes cartilages et repoussent le risque d’arthrose.

Éviter les sursollicitations

Fractionne tes sessions : dix minutes de pause active toutes les heures diminuent drastiquement la fatigue articulaire. Alterne les tâches pour varier les prises — clavier, stylet, tournevis — et n’hésite pas à changer ta souris de main quelques minutes par jour pour équilibrer les contraintes. Si tu sens un échauffement, applique immédiatement du froid trente secondes, puis réalise une courte série d’étirements. Les micro-pauses empêchent l’accumulation de stress mécanique qui, sur plusieurs années, abîme le cartilage. Les applications de suivi d’activité peuvent t’envoyer un rappel afin de ne pas oublier ces temps de repos. Préserver son poignet, c’est avant tout gérer intelligemment la charge tout au long de la journée.

Importance de l’activité physique adaptée

Bouger protège le cartilage en stimulant la nutrition du tissu synovial, mais encore faut-il choisir le bon exercice. Privilégie les sports à faible impact comme la natation, le vélo elliptique ou le yoga, qui renforcent les muscles stabilisateurs sans choc axial brutal. Les exercices proprioceptifs, réalisés sur un plateau oscillant, améliorent le contrôle neuromusculaire et réduisent le risque de foulure. Une séance type : trois séries de vingt-cinq secondes de planche sur avant-bras, suivies d’étirements flexion-extension avec élastique léger. Ajoute deux fois par semaine un renforcement de l’avant-bras avec haltère de 1 kg en série courte. Cette routine stimule la circulation, nourrit le cartilage et maintient la mobilité, retardant concrètement l’apparition ou l’aggravation de l’arthrose du poignet.


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